Les brasseries Lespagnol

HISTORIQUE DES BRASSERIES LESPAGNOL

 

Louis Lespagnol- 1999 in “Pays de Pévèle”

Vers 1800 on trouve déjà des brasseurs du nom de Lespagnol. Jean-Baptiste Louis Lespagnol (1773/1853), époux de Marie Anne Mouchon est maître-brasseur. Michel Deregnaucourt, époux d’Ernestine Rosalie Lespagnol, marié le 30/06/1824 à Flines et décédé à l’âge de 58 ans le 04/05/1854, est également maître-brasseur et meunier à Flines (à l’emplacement de la brasserie Mouton, rue du Moulin).

Jean-Baptiste Joseph Lespagnol (1804/1879), époux d’Adélaïde Dilly, exerce le métier de cultivateur-brasseur. Son fils, Hyacinthe Philippe né le 18/02/1833 lui succédera. Mais c’est vers 1900 que l’on retrouve le plus grand nombre de fils de ce nom dans la brasserie. En effet Hyacinthe Philippe qui est né en 1833, épouse Eléonore Ramery le 11/09/1863 à Mons-en-Pévèle. Il habite rue Neuve à Flines : il pourra aider ses enfants à s’installer.

Il donne en 1895 à son fils Philippe né le 24/09/1865 les bâtiments d’une ancienne distillerie-sucrerie située au hameau de Frais-Marais, près de Douai (brasserie-malterie Lespagnol-Lambelin).

Il donne en 1897 à son fils Jean-Baptiste né le 25/06/1869 une maison d’habitation, grange et dépendances à Montigny-en-Ostrevent au lieu-dit « Mont-de-Douai » (brasserie-malterie Lespagnol-Lepercq). Les clauses du partage sont les suivantes : « Les co-partageants auront la propriété des biens, la liberté d’établir clientèle où bon leur semble, dans quelques communes que ce soient ».

Par ailleurs, on note qu’Adélaïde, née le 30/07/1873, épousera le 04/10/1900 son cousin Jean Lespagnol, marchand-brasseur à Bersée. Louis Joseph travaillera avec son père dans la brasserie de la rue Neuve et lui succèdera. On trouve également une brasserie Lespagnol rue du Hem à Flines en 1902 ; elle appartient à Hyacinthe.

1910 : La brasserie Lespagnol de la rue du Hem devient Lespagnol – De Le Rue.

Guerre 1914-1918 : La brasserie-malterie rue Neuve de Flines est occupée par l’armée allemande. Elle sert d’abattoir à bestiaux. Une ligne de chemin de fer est spécialement aménagée dans la gare toute proche pour les convois de bestiaux.

BrassLespagnol
La brasserie Lespagnol (actuelle rue des Résistants) avant sa destruction en 1918

En 1918 les troupes allemandes feront sauter le fond des chaudières à vapeur et mettront le feu à la brasserie. Devant le danger que court le village, tant le feu est intense, Louis Joseph Lespagnol demandera du renfort aux pompiers de Douai, ville distante d’environ 10 km. Ceux-ci viendront avec des équipages de petits chevaux arabes noirs, qui, pour l’anecdote, arriveront tout blancs de sueur et d’écume, tant les cartons (conducteurs de chevaux) les ont animés pour gagner du temps sur le trajet. Les dégâts sont considérables : la braserie-malterie est anéantie.

Philippe qui demeure à Frais-Marais et Jean-Baptiste à Montigny, sont également sinistrés pendant cette guerre.

1920-1921 : Louis Joseph achète avec sa femme Louise Marie Hespel, un terrain à Râches à Alcide Scoliège, négociant demeurant à Soissons, veuf de Génie Benjamine Clotilde Tronchon – acte reçu le 14 novembre 1920 par maître Desprez à Douai.

Avec l’aide de ses deux frères Philippe et Jean Baptiste, Louis décide de reconstruire à Râches une grande brasserie-malterie moderne qui aura une capacité de production de 80 000 hectos. Les 22 mars et 9 mai 1921 est constituée devant maître Vare, notaire à Douai, une société en nom collectif « Louis Lespagnol & Frères », dont le siège social sera à Râches. Tous les trois ont apporté tout ce qui subsiste de leur fond de commerce et des brasseries-malteries qu’ils exploitaient précédemment.

« La construction de la brasserie est faite avec un malaxeur entraîné par une turbine à vapeur, la terre de fabrication des briques vient des fondations du bâtiment ; la presse ne fait que deux briques à la fois. Vu l’épaisseur des murs, il en a fallu beaucoup. Le séchage des briques est fait à l’air libre. Lorsque le vent souffle trop, il faut faire des paravents avec des paillassons (paille torsadée) pour éviter que les briques ne se fendent. La chaux est importée tous les jours de Belgique. On fait cuire les briques dans un grand carré de la manière suivante : pose d’un lit de charbon de bois, puis pose des briques non jointives et en quinconce sur une certaine hauteur, puis lit de charbon de bois, puis couche de charbon maigre. Les Flamands ne mangent de la viande fraîche que lorsqu’on cuit. C’est le chantier du moment, beaucoup de Râchois y travaillent. Le hangar est une récupération des verreries de Frais-Marais. Amené sur plateaux, ses pieds sont enfoncés de deux mètres dans le sol pour le rabaisser. Les bureaux construits vers 1930, ont une structure en béton. Les planchers sont en briques assemblées en Belgique, transportées par train et déchargées à la corde et montées à dos d’homme. La masse de ferraille qui constitue la malterie et la salle de brassage dépasse les deux cents tonnes » d’après Georges Dhaynaut résidant à Râches.

Louis apporte en plus le fond de commerce de la société « La Mutuelle » de Flines-les–Râches. Comme il en est le plus gros actionnaire, il prend la direction de cette nouvelle brasserie.

1925 : Le premier brassin de la nouvelle brasserie sort en avril. Un commerce de vins et liqueurs est crée à la même époque à Râches.

1926 : Au décès de Louis joseph, son frère Philippe prend la direction de Râches. A compter du 15 décembre elle deviendra « Brasserie Vve Louis Lespagnol et Frères », société en nom collectif. Les associés gérants sont : Philippe et Jean Baptiste Lespagnol, les commanditaires : Mme Vve Louis Lespagnol, Mme Pierre Leclercq née Marie Louise Lespagnol, Mrs Louis et Charles Lespagnol, Melles Eléonore, Marguerite, Geneviève et Thérèse Lespagnol.

La brasserie Lespagnol – De Le Rue devient brasserie « Saint-Michel » au 53, rue du Hem à Flines. Elle est tenue par Hyacinthe Lespagnol.

1930 : La brasserie de Bersée est rachetée par Mme Louis Lespagnol-Hespel à Jean et Adélaïde Lespagnol, ceux-ci n’ayant pas eu d’enfants – acte passé le 29 juillet par maître Dorchies, notaire à Templeuve.

Une société qui portera le nom de « Vve Louis Lespagnol-Hespel » et qui aura son siège social à Flines, rue Neuve, est créée. Elle gèrera à la fois les activités de Flines et Bersée.

Cette dernière fonctionnera jusqu’en 1939, date à laquelle elle sera sinistrée par les bombes.

 

1932 : La brasserie Lehembre d’Ecaillon passe un contrat avec l’établissement de Râches pour livrer sa clientèle en bière. Cette coopération ne durera que deux ans, car Ecaillon sera reprise par la brasserie Bare de Valenciennes pour toutes les boissons livrées.

1933 : Philippe Lespagnol décède le 30 juillet sans enfants. Louis Charles Lespagnol, fils de Philippe Joseph, prend la direction de Râches. La « Brasserie Vve Louis Lespagnol et frères » est transformée en société en commandite simple dès août 1933.

Les associés-gérants sont : M. Louis et Jean Baptiste Lespagnol.

Les commanditaires sont : Mme Vve Philippe Lespagnol, Mme Pierre Leclerq née Eleonore lespagnol, M. Charles Lespagnol, Mme Marcel Dupire née Marguerite Lespagnol, Melles Geneviève et Thérèse Lespagnol, M. Pierre et Xavier Leclerq, fils de Marie Louise (+).

La brasserie de Frais-Marais est arrêtée, sa production est prise en charge par Louis à Râches qui livre toute sa clientèle.

1934 : La demande évoluant vers une gamme de boissons diversifiées, une limonaderie et une fabrique d’eau de Seltz sont installées dans les caves de l’ancienne brasserie-malterie de Flines alors restaurées, ainsi qu’un dépôt d’eaux minérales. Cette activité sera à l’actif de la société « Vve Louis Lespagnol Hespel » qui est dirigée par cette dernière.

1937 : La brasserie « St Michel » redevient brasserie Lespagnol- De Le Rue.

1939-1945 : Les brasseries de Jean Baptiste à Montigny-en-Ostrevent et de Jean à Bersée sont anéanties par la guerre. Râches connaît une période critique pendant les premiers mois d’occupation : le pillage a été mené en règle par les troupes allemandes. Chevaux, chariots et matériel ont disparu. Geneviève reprendra en main l’établissement, aidée par ses beaux-frères Marcel Dupire de Wasquehal et Pierre Leclerq de Seclin, dont la brasserie a été démolie.

Râches, la plus jeune des brasseries du groupe, est la seule restée debout. Elle fera face et fournira la boisson à la place des autres.

1945 : Par acte de maître Dorchies à Templeuve à la suite du décès de Mme Vve Louis Lespagnol, la société passe en commandite simple à nom collectif avec, pour associés-gérants Louis et Jean Baptiste Lespagnol et sans changement pour les commanditaires.

On dresse l’inventaire du patrimoine : les cafés et estaminets des brasseries Lespagnol en activité pendant la guerre et ceux qui restent à ce jour. Le constat est lourd : plus des 2/3 ont été anéantis.

Louis reprend la direction jusqu’en 1953, année de sa mort. Après la guerre, les successions familiales verront progressivement le démantèlement du patrimoine. Afin d’avoir une idée de l’importance de la production de bière à Râches, voici quelques chiffres   relevés :

1933 : 17 103 hectos        1940 : 13 953 hectos

1958 : 31 933    «              1963 : 19 035   «

1946 : Arrêt de la brasserie Lespagnol- De Le Rue de Flines. Les bâtiments deviennent dépôt de bière.

1950 : La société « Vve Louis Lespagnol Hespel » qui gère Flines et Bersée est transformée en octobre en « Lespagnol et Cie », S.A.R.L. dont le siège social sera à Bersée et dont la direction est assurée par Louis Lespagnol.

A la même époque, Râches devient aussi une S.A.R.L. et prend le nom de « Ets Louis Lespagnol et Frères ». La direction ne change pas.

 

1951 : A la suite du décès de Jean Baptiste survenu le 20 février, l’assemblée générale du 1er octobre confirme que Louis reste le seul associé gérant en nom. Les commanditaires restent les mêmes.

1953 : Après la mort de Louis le 22 mai, Charles devient gérant commandité par acte passé devant maître Fournier le 23 mai. Il est aidé par sa sœur Geneviève. La brasserie prend alors le nom de « Charles Lespagnol et Cie », une S.A.R.L.

1954 : La brasserie de Râches s’appelle dorénavant « Brasserie et Chais Lespagnol » et passe en S.A.R.L. par la même occasion.

1955 : Le 31 octobre un fond de commerce de négoce de bières, eaux minérales, limonades et boissons hygiéniques est acheté à Michel Boutleux, rue Fénelon à Cambrai.

 

1956 : Le 26 mai lors de la succession Alcover, brasseur négociant au coin de la rue d’Arras et de la rue Ribot au Touquet Paris Plage, achat d’un immeuble comprenant : maison d’habitation, bureau, magasin, dépendance, fond de commerce, négoce de bières, eaux, limonades et jus de fruits.

 

1957 : La « Brasserie et Chais Lespagnol » se transforme en S.A.

1966 : Jean Pierre Lespagnol remplace, jusqu’à sa mort en 1975, son oncle Charles à la direction de la brasserie.

 

1975 : La S.A.R.L. « Lespagnol Bersée » change de nom pour devenir « Lespagnol et Cie » avec pour siège social le 114, route Nationale à Râches.

1975 : Au décès de Jean Pierre,  son oncle Charles reprend la direction de Râches.

1979 : La S.A.R.L. « Lespagnol Littoral » est dissoute le premier mai. L’activité est reportée sur Râches qui vend en 1978, 4 719 hectos de bière et 4 543 en 1979.

 

1980 : Le 11 novembre est décidée la cession du fond de commerce, c’est à dire le négoce de bières, vins et spiritueux en gros et en détail de Râches à la brasserie Jupiler, à l’exception des dépôts de Sin-le-Noble et Cambrai, du magasin du Touquet Paris Plage et du fond de distribution de cette même ville. La clientèle est alors livrée par Porez de Lambres-les-Douai.

1983 : Le terrain de la brasserie de Râches est vendu à Intermarché qui s’y installe.