Marguerite de Constantinople (° vers 1202 † 1280)
Comtesse de Flandre et de Hainaut de 1244 jusque sa mort en 1280
Elle est descendante de Charlemagne et fille cadette du comte Baudouin IX comte de Flandre et de Hainaut – devenu empereur latin de Constantinople – et de Marie de Champagne (°1174 † 1204). Marguerite est la sœur de la comtesse, Jeanne de Flandre, fondatrice de l’Hospice Comtesse à Lille et enterrée à l’abbaye de Marquette (°1188 † 1244).
En 1202, Baudouin participe à la quatrième croisade et sa femme Marie le rejoint deux ans plus tard, confiant Marguerite encore bébé et sa sœur Jeanne, aux bons soins de leur oncle Philippe de Namur, évêque de Liège. La mère de Jeanne meurt en 1205, et son père, l’année suivante. Philippe de Namur qui assure la régence à son plus grand profit, confie les deux filles au roi de France, Philippe Auguste. Celui-ci à son tour concède leur garde à Enguerrand III de Coucy.
En 1212 Marguerite se marie avec Bouchard d’Avesnes (1182-1244), bailli du Hainaut et sous-diacre de l’Église de Laon. Concernant la part de succession de Marguerite, les deux sœurs se déchirent, Jeanne tentant de dissoudre le mariage, alléguant qu’il était inadmissible. Sans beaucoup d’instruction des faits, le pape Innocent III se contente de condamner le mariage, sans pour autant formellement l’annuler.
Bouchard et Marguerite continuent de mener leur vie familiale, ayant deux enfants. Tant et si bien que leurs conflits avec Jeanne se développent. Bouchard est capturé et emprisonné en 1219. Il est libéré en 1221, à la condition que le couple se sépare et que Bouchard obtienne l’absolution du pape. Tandis qu’il était à Rome, Jeanne convainc Marguerite de se remarier, cette fois à Guillaume II de Dampierre un noble de Champagne.
Cette situation a été la cause d’un véritable scandale, parce que Marguerite a de fait probablement été bigame, et ce, en violation des règles de l’Église. Les conflits concernant la validité des deux mariages et la légitimité des enfants, perturbent la politique du Saint-Empire pendant des décennies.
En 1246 le roi Louis IX de France (Saint Louis), arbitre les droits de succession, donnant la Flandre aux enfants de Dampierre, et le Hainaut aux enfants d’Avesnes. Ceci semblerait avoir réglé la question, mais en 1253 de nouveaux problèmes surgissent. Jean d’Avesnes, le fils le plus âgé, n’étant pas satisfait de son sort, convainc Guillaume II, comte de Hollande, son beau-frère, de s’emparer du Hainaut et des régions de Flandre qui se trouvent dans les limites de l’empire. Une guerre civile s’en suit, qui finit quand les forces des d’Avesnes sont défaites à la bataille de Walcheren et Dampierre emprisonné.
La comtesse de Flandre et de Hainaut
À la mort de Jeanne, en 1244, Marguerite devient comtesse de Flandre et de Hainaut, succédant à sa sœur qui est à l’origine de l’abbaye cistercienne de Marquette dans les années 1226-28.
Elle fonde entre temps l’abbaye de l’Honneur Notre-Dame en 1234 à Orchies, une ville de Pévèle qu’elle apprécie particulièrement. Puis elle transfère le monastère à Flines en 1251. La communauté est rapidement affiliée à l’ordre de Cîteaux. Elle possède un patrimoine foncier de 900 hectares en Flandre, des dîmes et des portions de dîmes, des rentes en nature ou en argent, des dons testamentaires. La grande charte de 1253 énumère toutes les possessions de la comtesse et permet d’en mesurer toute l’importance et la puissance.
Elle décède en 1280 et elle est enterrée dans l’église abbatiale, dans le chœur des Dames.
Monique Heddebaut