Introduction
En cette première année de commémoration Flines au Fil de son Histoire (FFH) a décidé de s’inscrire dans ce cycle commémoratif qui mobilise actuellement la société française pour lui permettre de retrouver « le lien intime qu’elle entretient avec la Grande Guerre », pour se souvenir de ces quatre années interminables qui ont déstabilisé notre région, notre pays et l’Europe. Longtemps notre région a été sortie du champ de la mémoire : Verdun érigé au rang de mythe a marginalisé les départements du front et le sort des prisonniers. Il n’est donc pas superflu de présenter ici un autre regard sur les pays envahis trop souvent oubliés dans l’histoire nationale.
Déjà en 1998, à l’occasion du 80e anniversaire de 1918, l’exposition et la publication sur La vie quotidienne à Flines-lez-Râches durant la guerre 1914-1918 proposées par l’ARPE, avaient rencontré un réel succès qui, d’ailleurs, ne s’est jamais démenti, puisque FFH, l’association qui a pris le relais, avait décidé en 2008 de republier le résultat de leurs recherches. Mais tout avait-il été dit à l’époque ? Eh bien, non ! De façon inespérée d’autres documents inédits ont resurgi grâce à la bienveillance de certaines familles qui ont des liens très forts avec notre commune : les cahiers d’Honorine Scoliège, une institutrice, ceux de Joseph Vanicatte et de Zéphir Chemin – le premier a combattu à la bataille de la Marne et le second à Maubeuge. Il a fallu, entre autres, retranscrire les 947 pages manuscrites d’Honorine entre septembre 1914 et le 12 mars 1919.
Il nous est maintenant possible de renouveler notre regard sur Flines et sur la première occupation allemande, longue et traumatique. Le comité de rédaction a décidé de mettre en perspective le quotidien des Flinois avec celui des ceux qui ont pris part aux première batailles décisives qui ont stoppé la progression des Allemands : regards croisés de trois spectateurs privilégiés.
Le plus dur ensuite a été de décider d’une coupure pour vous proposer ce numéro. La date du 10 septembre a été retenue pour Zéphir Chemin : les soldats ont brûlé ce jour-là leurs livrets-matricule au lendemain de la bataille de Maubeuge en attendant d’être envoyés dans un camp en Allemagne. Le récit de sa captivité sera repris dans l’un des prochains numéros que notre association prépare à l’occasion de ce Centenaire, au fur et à mesure du déroulement de la guerre. Pour Honorine et Joseph, ce fut le 16 octobre : la première va vivre à l’heure allemande à partir du moment où le commandant allemand de Douai fait placarder une affiche demandant aux Flinois de déposer toutes leurs armes et lorsque les Allemands commencent à s’installer à Flines devenu village d’étape. Le second va prendre position à Ventelay, sur les hauteurs de Roucy, près de Reims, après la victoire de la bataille de la Marne, car le conflit s’enlise dans la guerre de tranchées.
L’accent est mis sur l’utilisation de documents flinois, peu connus ou inédits, ce qui représente une réelle difficulté car les photographies en pays envahi ne pouvaient être réalisées que par des photographes allemands ou agréés. Nous avons donc fait appel à la photothèque Boutique à Douai qui possède un fond important de clichés sur le passage des troupes et l’occupation. Nous lançons donc ici un appel à tous ceux qui posséderaient encore des documents (photos, cartes, lettres…) qui nous permettront de préparer les prochaines publications.
Monique Heddebaut, présidente de Flines au Fil de son Histoire
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